Alix Grousset

La fille de mon père

Edit: Après avoir annoncé la sortie de cet article, j’ai reçu plusieurs témoignages. Aussi, je souhaite donc apporter quelques précisions en amont. J’évoque ici des faits et situations totalement subjectifs. Il s’agit de mon ressenti face à mes sentiments et au jugement d’autrui. Par ailleurs, j’ai une pensée particulière pour celles et ceux qui m’ont envoyé des messages évoquant leur situation familiale, souvent sans papa (puisque c’est le point clé ici). Vous avez mon respect infini, j’espère de tout coeur que vous avez grandi dans une famille aimante et que vous avez reçu tout l’amour dont vous aviez besoin pour être épanoui(e). Si ce n’est pas le cas, je vous souhaite de vous construire une vie d’adulte dans un environnement sain avec de l’amour, sous n’importe quelle forme. Je mesure la chance que j’ai de vivre au sein d’une famille soudée, avec des parents mariés depuis plus de 30 ans. 

Je parle rarement de papa sur insta, sur le blog ou sur Youtube. On m’a plusieurs fois demandé, non sans indiscrétion, si je voyais encore mon père… 1 mot me vient à l’esprit, l’ A-U-D-A-C-E, ou l’impolitesse, c’est au choix.

Mon papa est pudique, et puis je crois qu’il ne comprend pas très bien ce que je fais sur les réseaux. Alors bon, faire le clown dans des stories sur instagram, ou se mettre en avant, ce n’est pas son délire. Et puis, il travaille beaucoup. Il a des responsabilités et je comprends qu’il veuille rester loin de la légèreté et de la superficialité des réseaux. Un rôle à tenir, une image à conserver. Mon papa fait partie de mon jardin secret, de ce que j’ai toujours voulu préserver. Alors pourquoi j’écris un article dédié?

La famille est la valeur centrale que je souhaite diffuser au travers du contenu que je propose. L’importance d’être ensemble, de profiter de moments de partage et d’acceptation. Ce n’est pas le plus évident à partager sur les réseaux car il n’existe aucun modèle familial identique. Certains ont fait le choix, ou ce choix s’est imposé à eux, de devoir fuir un schéma familial toxique. Il est évidement que mes propos ne concernent pas ces personnes. Néanmoins, cela me rappelle à quel point j’ai la chance de vivre dans une famille aimante.

Tout n’est pas parfait. On se dispute, on se crie dessus parfois. Mais tout s’apaise. Toujours.

Enfin au sein de la famille en général car avec mon papa, c’est rare. Je n’ai d’ailleurs aucun souvenir d’une dispute entre nous deux. Ça a dû arriver, certes, mais je ne m’en souviens plus. Je n’ai jamais ressenti de colère à son égard. En revanche, à l’égard des autres oui. À l’égard de ceux qui ne comprennent pas, qui interprètent et qui blessent volontairement pas leur propos.

J’avais envie d’écrire à ce sujet pour répondre à certaines phrases que j’ai beaucoup trop entendues depuis que je suis petite :

“Mais lâche un peu ton père”“À 40 ans elle sera toujours chez vous”” Elle finira Tanguy”,

Tu n’as plus 6 ans, tu peux te décoller de ton père”.

Certains d’entre vous qui lisent ces lignes ont peut être déjà eu cette sensation… Celle de paraître anormal(e) alors qu’on déborde d’amour. On me reproche d’aimer, de trop aimer mon père. Dans quel monde vit-on pour balancer ce genre d’absurdités à une gamine? De la part d’adultes qui plus est.

Moi, mon père, je l’aime du plus profond de mon coeur.

Mêmes réactions, mêmes défauts, mêmes qualités, même façon de réfléchir, d’interagir. Mêmes cheveux, gauchers tous les deux. Et évidement…. consommateurs de marrons glacés numéro 1 sur le marché français.

Alors ces petites phrases piquantes, lancées à l’aveuglette par des gens qui comptent pour la famille, quel est leur but? On est éduqué avec l’idée de ne pas se soucier du regard d’autrui, de vivre sa vie pour soi et pour soi uniquement. Seulement c’est quelque chose que je n’arrive absolument pas à faire. Chaque remarque, quelle soit positive ou non, me touche en plein coeur. Sur les réseaux, c’est mon point faible mais je ne m’en cache pas. Dans la vie, avec les “vrais gens”, c’est pareil.

Je me suis construite avec l’idée que la relation avec mon père sera toujours jugée interprétée.

Je crois que c’est le “elle finira Tanguy” qui m’a fait vriller. Un pote de mon père, heureux de lâcher sa petite phrase. Pourquoi d’ailleurs? J’avais 17 ans. Le lundi suivant j’annonçais à mes parents que je voulais prendre mon indépendance, vivre seule. 5 ans plus tard, j’admets que ce que je pensais être une volonté profonde d’indépendance, n’était en réalité qu’une façon de montrer à ces personnes méprisantes qu’elles se trompaient. Que non, je quitterais le cocon familial avant mes 40 ans et que même, je le quitterais un peu plus tôt que la moyenne.

Plus tôt que leurs propres enfants à eux.

À 17 ans je n’avais pas cette lecture, avec le recul, je l’ai à présent. Alors j’ai pris mes clic et mes clac pour vivre ma vie de grande. Indépendante aux yeux des autres certes, mais bouffée de l’intérieur. Chaque visite de mes parents était un crève coeur, je refusais qu’ils viennent me voir car je ne supportais pas de les voir partir.

Et puis un jour, j’ai dit stop. Stop de faire semblant, stop de faire la meuf indépendante. J’ai besoin de ma famille, j’ai besoin de mon père. J’étais en train de gâcher des moments de vie pour la simple et bonne raison que plusieurs abrutis (pas envie de faire d’excuses hypocrites, si vous vous reconnaissez les amigos il fallait mesurer vos propos) se permettent de me trouver “trop proche” de mon père.

Au même moment, il y a 1 an et demi, un appart’ se libérait dans l’immeuble de mes parents. Ils habitent au 5e, je me suis installée au troisième. Meilleure décision de ma vie.

Tous les soirs, si je suis chez moi, je viens leur faire un petit bisou lorsqu’ils rentrent du travail. Parfois on dîne en famille avec ma soeur, qui a aussi pris son indépendance à 20 ans. On se retrouve tout les quatre, c’est cool. Mes parents ne sont vraiment pas intrusifs. Jamais ils ne se permettent de venir chez moi sans y avoir été invités. Ils savent pertinemment que je ne suis pas seule tout le temps et respectent parfaitement cela. Tant que je ne leur présente personne, ils ne cherchent pas à savoir qui je fréquente. Je suis assez secrète là dessus.

D’ailleurs, le fait d’être proche de sa famille, et particulièrement de son papa, n’est pas un frein aux relations amoureuses.

J’ai la sensation que c’est une idée reçue qui a la dent dure. Le coeur est extensible, les sentiments d’amour sont différents. Pourquoi alors le fait d’aimer son papa de tout son coeur ne serait pas compatible avec le développement d’une relation amoureuse saine? En tout cas, me concernant, ça n’a jamais été un obstacle.

Faire des câlins a son papa, lui dire je t’aime, être malheureuse de ne pas le voir plus de deux jours et le verbaliser. Le fameux triptyque qui déplaît passé douze ans et demi. Je me pose une réelle question, quelle est la date de péremption de cela? À partir de quel âge ce n’est plus socialement accepté de faire des câlins à son papa? Ceux qui instaurent une date butoir, c’est vous les tordus. Si vous êtes gênés par une démonstration d’affection d’un père et sa fille, remettez en cause votre conception de la paternité. Jusqu’au dernier souffle de mon papa je lui ferai des câlins, je le prendrai dans ses bras et je ne cesserai jamais de l’aimer ou de le montrer sous prétexte qu’à un certain âge “on ne doit plus se comporter comme une enfant”.

Je resterai la fille de mon père pour l’éternité, cet argument est donc irrecevable.

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3 réponses

  1. Bonsoir Alix

    Je vous découvre depuis peu et j’adore
    Par contre je viens de lire votre article et je ne comprends pas le mot de la fin.
    « Je resterai la fille de mon père pour l’éternité, cet argument est donc irrecevable « 
    Pourquoi irrecevable ? Vu ce que je viens de lire c’est plutôt Recevable, valable ou indéniable non ?
    Et dommage il n’y a pas de date sur vos articles
    La bise

    Geneviève

    1. C’est l’argument cité dans la phrase précédente qui est irrecevable. La dernière phrase esr une vérité, pas un argument.

  2. Bonjour,

    Les phrases courtes lâchées sur des sujets complexes et non suivies d’échanges, de discussions rendent compliqué d’aller au fond des choses. ça prend du temps d’échanger. Notre époque qui pousse à aller vite et parler de sujet de fond en 350 caractères favorise l’échange de mots mais pas forcément la compréhension/ l’écoute.

    Je viens d’une famille de parents encore mariés aujourd’hui. Un ancrage, un repère stable pour moi, très aidant. Rare aujourd’hui en effet. Aujourd’hui, on nous vend que pour nous construire solidement, il faudrait toujours être en mouvement, en dynamique. J’ai 30 ans. Une enfance ultra stable, un roc qui m’a permis ensuite de pouvoir explorer sans avoir peur de perdre la base (tour du monde, vivre à l’étranger). Un seul défaut à ce modèle familial, il est stable mais rigide, il assure la base, le socle, mais il ne permet pas d’explorer le monde autour de soi. Alors l’exploration du monde autour du connu s’est fait avec quelques accoups.

    Mon modèle idéal? Un cadre solide avec des charnières flexibles. De la fermeté douce. De la stabilité dynamique.

    Ma déception? La rigidité du cadre familial (des tensions internes évitables avec plus de flexibilité). Un manque de ponts avec l’extérieur (une acceptation intellectualisée de l’extérieur mais pas de réel chaleur et de réelle acceptaiton de cet extérieur).

    Mon contentement? Une famille toujours présente, un ressenti d’attachement sécurisant et émotionnellement apaisant. Encore aujourd’hui à plus de 30 ans, je peux faire une accolade à mon père, un câlin à ma mère pour les remercier d’une attention.

    Mon espoir? Faire mieux que mes parents sur la partie attachement. Donner du cadre, donner de la flexibilité.

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