Il y a les jours avec et les jours sans. Presque devenue une phrase de réconfort.. “un jour sans”, comme pour caractériser la déprime universelle mais censée rester ponctuelle.
Un jour subi, perdu, sauf si l’on considère que chaque action équivaut à une leçon, auquel cas on parlera d’apprentissage. C’est le mot joli, ça fait bien. Dans la réalité, a t-on véritablement envie de glorifier par ce terme, une journée à rester recroquevillé?
La boule dans la gorge, celle qui te serre la trachée au point que chaque parole prononcée devient un combat pour ne pas pleurer. Les larmes dans les yeux, juste là, au bord. Prêtes à couler. Et pourtant, comme un récipient d’émotions prêt à déborder tu te sens vide. Vidé de tout et par tous.
Tellement vidé que rien ne sort, pas un mot, pas une larme. L’hyper contrôle te consume, aucune émotion ne passe le filtre.
Le coup de grâce, c’est la culpabilité qui en a la charge. L’incompréhension du mal être. Pas de cas précis, pas de noeud de tension, juste un état global. Une souffrance enfouie qui, dans un calendrier choisi arbitrairement par Dieu sait quel planificateur, surgit lorsqu’on ne l’attend pas.
La culpabilité de ne pas avoir de raison pour refuser un jour “avec”. D’ailleurs, eux aussi mériteraient un article, ces jours “avec”. Des jambes qui fonctionnent, pas de maladie apparente ni de drame familial récent. Des diplômes, un appart. Et pourtant. La difficulté d’exprimer ses émotions résident ici, dans la culpabilité d’être un chanceux déprimé quand certains sont des guignards heureux. À la seule différence que pour le premier l’état n’est pas immuable dans le temps et les possibilités d’évolution ne peuvent être que positives.
La culpabilité, c’est les autres. Enfin pas totalement, c’est plutôt notre perception qui la renforce. L’idée que l’on se fait du regard que les autres se projette sur nos propres états d’âme, renforçant ceux-ci dans leur travers. Finalement, le regard que l’on prête aux autres n’est que le simple reflet de notre perception sur la situation.
C’est là qu’apparaît le sentiment d’incapacité, de nullité, d’échec. Et le cercle vicieux débute. Comme un tourbillon, il t’emporte, et de plus en plus vite, de plus en plus fort, t’aspire. Plus un bruit, la tempête est passée. La tornade s’est éloignée, laissant sur son passage un être vidé.
Le jour “sans” s’en va. Sans crier gare. Comme il est venu finalement. Une bonne nouvelle, un jour de gaieté. Il se retire aussi vite qu’il est apparu, laissant derrière lui un souvenir si vague qu’on l’oublierait presque.
Les jours “avec”, reprennent leur cours. Jusqu’à la prochaine tempête.